Quand l’accouchement efface la naissance, le 4e trimestre s’oubli

À partir du moment que le test de grossesse affiche positif, tu te prépares au fameux jour J de l’accouchement. Rapidement, on t’enseignera les étapes de la dilatation du col de l’utérus et l’on te proposera de nombreuses façons de soulager la douleur des contractions. Tu auras la possibilité de réfléchir puis de rédiger un plan de naissance afin de préparer ton travail. Tes proches te demanderont ta date prévue d’accouchement puis te questionnerons sur ton vécu et ton retour à la maison après le séjour en maternité.

Mère dont tous le monde s'informe de l'état du bébé mais pas de elle
Illustration par Marie-Ève Brouillette

Quand, durant ces nombreuses semaines, a-t-on pris le temps de t’interroger sur le vécu de ton bébé le jour de SA naissance? 

Comment ce dernier a-t-il été accompagné durant les contractions?

Mais surtout, comment se sent-il les minutes, les jours et les semaines suivant sa date d’anniversaire?

Essaie d’imaginer!

C’est la nuit, tout est calme dans la maison. Tu dors paisiblement, emmitouflé au chaud dans ton lit douillet. Soudain, un tremblement de terre te tire de ton sommeil. Les murs craquent autour de toi, le toit menace de s’effondrer à tout moment. Tu sors en courant, tu découvres un tout nouveau paysage. Privé de tous tes repères, tu sens ton cœur qui s’agite. L’air te manque et la noirceur voile ton regard.

 

Comment te sens-tu?

Bon, le scénario va sembler beaucoup trop dramatique pour toi. Venir au monde, ce n’est pas du tout comme vivre la fin du monde… Quoi que…

Prends le temps de voir la vie à travers les yeux de ton bébé. Il vit depuis toujours sur une planète qui est sienne, quand tout à coup il est expulsé vers un monde complètement nouveau. Tandis que l’on accorde des années aux astronautes pour vivre un changement de planète, on demande à un nouveau-né de traverser cette grande épreuve sans pratique.

L’accouchement est donc intense pour maman, la naissance quant à elle l’est tout autant pour bébé.

 

Dis-moi, si on reprend le scénario catastrophe de fin du monde… Que tu t’imagines vivre en nature loin des technologies et de ta routine habituelle…

Un bébé se demande ou se trouve son casque
Illustration par Marie-Ève Brouillette
Femme en contexte de survie
Illustration par Marie-Ève Brouillette

Après combien de temps serais-tu adapté à ta nouvelle vie loin du luxe et du confort de ton foyer?

Quelques jours? Quelques mois?

 

Dormirais-tu profondément à la belle étoile dès les premières semaines?

Aurais-tu envie de pleurer parfois?

Rappelle-toi que tu es un adulte en pleine possession de tes capacités. Tu as appris au fils du temps à gérer relativement bien tes émotions, à contrôler ton stress et ta mobilité te permet de voir à ta survie. Le nouveau-né lui possède un cerveau encore très limité qui ne lui permet pas de se mobiliser selon ses souhaits. Il est l’incarnation même de la vulnérabilité!

Te sens-tu seul?

Qui veux-tu appeler à l’aide?

Que feras-tu si personne ne répond à tes cris?

Continueras-tu de pleurer nuit et jour?

Demandes d'aides variés du bébé
Illustration par Marie-Ève Brouillette
Mère en amour avec son bébé
Illustration par Marie-Ève Brouillette

Heureusement pour bébé, il a deux personnes parfaitement qualifiées pour répondre à sa détresse.

Sa maman qui porte l’odeur de son ancienne vie, qui lui remplit le ventre et dont le battement de cœur rappelle une mélodie connue.

Son père, dont la voix et l’énergie procurent un profond sentiment de sécurité.

 

Alors la prochaine fois que tu as l’impression de ne pas savoir quoi faire avec ton bébé. Que tu as l’impression d’être un mauvais parent parce que tu ne le stimules pas suffisamment, que tu ne lui lis pas un livre par jour ou que tu as annulé le cours d’aqua bébé… Rappelle-toi que la simple présence de tes bras fait toute la différence pour elle ou lui. Rappelle-toi de répondre à ses pleurs par ta présence et ta voix calme. Rappelle-toi qu’il prendra plusieurs mois avant de gagner suffisamment en confiance pour s’éloigner de toi une nuit entière, alors soit patiente.

Maintenant que tu te mets à la place de ton coco, dis-moi…

As-tu toujours l’impression que ton nouveau-né pleure par caprice?

Que ses cris sont une manipulation?

Que tu dois rapidement lui apprendre à cesser ses larmes?

Suis ton instinct, ton cœur et prends-le dans tes bras!